Plus d'un quart des ménages israéliens vivent en situation d'insécurité alimentaire, soit environ 2,8 millions de personnes, dont plus d'un million d'enfants.
Malgré une légère amélioration par rapport à 2023, les inégalités restent importantes et les conséquences économiques entraînent une baisse de la productivité, une augmentation des dépenses de santé publique et l'alourdissement du budget du Ministère des affaires sociales.
L'Assurance Nationale présente le Rapport sur la sécurité alimentaire en 2024, qui contient des données préoccupantes. Ce rapport, réalisé par le Département de la recherche et de la planification de l'Assurance Nationale, révèle un phénomène de grande ampleur qui affecte directement l'économie israélienne.
Principales conclusions :
- Selon les experts de l'Assurance Nationale, chaque point de pourcentage de baisse de l'insécurité alimentaire pourrait permettre à l'économie d'économiser des dizaines de millions de shekels par an, grâce à la réduction des dépenses de santé publique et à l'amélioration de la productivité du travail. En Israël, 27,1 % des ménages (environ 968 000 ménages), soit 2,8 millions de personnes (environ 1 million d’enfants), sont en situation d’insécurité alimentaire pour des raisons économiques. Ce chiffre représente une amélioration par rapport à 2023 (30,8 %), mais le taux reste très élevé comparé aux pays de l’OCDE.
- 26,5 % des ménages (environ 963 000) déclarent ne pas avoir accès à une alimentation saine, c’est-à-dire être dans l’incapacité de se procurer des aliments non nocifs pour la santé.
- L’insécurité alimentaire est particulièrement fréquente au sein de certaines populations : 58 % de la population arabe, 25 % au sein des juifs orthodoxes et dans la périphérie (37 % à Jérusalem et 36,7 % dans le Nord).
- Amélioration par rapport à 2023 : le pourcentage de ménages en situation d’insécurité alimentaire a diminué, passant de 30,8 % en 2023 à 27,2 % en 2024. Le taux d'individus en situation d'insécurité alimentaire a diminué, passant de 32,6 % en 2023 à 28,1 % en 2024. Le taux d'enfants vivant dans des ménages en situation d'insécurité alimentaire reste particulièrement élevé, à 31,7 %, malgré une baisse par rapport à 2023 (36,0 %). Chez les personnes âgées, 22,8 % vivent en situation d'insécurité alimentaire. Là aussi, on observe une amélioration par rapport à 2023 (25,2 %). Le département de recherche de l'Assurance Nationale estime que cette amélioration en 2024 est due aux conséquences de la guerre, durant laquelle des centaines de milliers de citoyens du Nord et du Sud ont été évacués vers des hôtels et des maisons d'hôtes où des repas chauds leur étaient fournis.
- Les inégalités ne se limitent pas aux revenus ; elles concernent également les opportunités d'emploi et le soutien institutionnel. Le rapport met en évidence un lien direct entre le niveau de revenu et la sécurité alimentaire : parmi les 20 % les plus défavorisés, près de la moitié des ménages (47,6 %) sont en situation d’insécurité alimentaire, contre seulement 9,5 % parmi les 20 % les plus aisés.
- Conséquences macroéconomiques : l’insécurité alimentaire nuit à la productivité du travail et à l’intégration professionnelle des personnes qui en souffrent. De plus, elle entraîne une augmentation des dépenses du système de santé publique, du fait de maladies chroniques, de l’obésité et de malnutrition chez les enfants et les adultes. Elle accroît également la dépendance aux aides sociales et pèse sur le budget de l’État à hauteur de plusieurs centaines de millions de shekels par an. Enfin, elle porte atteinte au capital humain de notre jeune génération, ce qui aura des répercussions sur le potentiel de croissance économique.
Selon les experts de l’Assurance Nationale, chaque point de pourcentage de baisse de l’insécurité alimentaire pourrait permettre marché d’économiser des dizaines de millions de shekels par an, grâce à la réduction des dépenses de santé publique et à l'amélioration de la productivité du travail.
L'Assurance Nationale appelle à l'élaboration d'un plan national de lutte contre l'insécurité alimentaire, prévoyant notamment :
- L'augmentation des budgets d'aide alimentaire directe (comme les bons alimentaires) tout en assurant le contrôle et le suivi de la qualité des aliments ;
- Le développement des programmes de nutrition dans le système éducatif des zones défavorisées ;
- L'actualisation des allocations de subsistance et de la sécurité sociale en fonction de l'inflation ;
- Et la mise en œuvre d'objectifs pluriannuels mesurables pour réduire les inégalités sociales.
Nitsa (Kaliner) Kasir, Directrice adjointe de la recherche et de la planification à l'Assurance Nationale : « L'insécurité alimentaire n'est pas seulement un problème social, mais aussi un enjeu économique qui exige une intervention systémique. Les familles qui n'ont pas les moyens de se nourrir sainement sont plus exposées aux risques de morbidité, d'absentéisme au travail et de faible réussite scolaire. Une politique à long terme dans ce domaine contribuera non seulement au bien-être social, mais aussi à la croissance durable de l'ensemble de l'économie. »
Données complémentaires :
Au cours de la période considérée, 27,1 % des ménages étaient en situation d’insécurité alimentaire pour des raisons économiques, selon la répartition suivante : 17,2 % en situation d’insécurité alimentaire faible et 9,9 % en situation d’insécurité alimentaire très faible (tableau 5). La proportion de personnes vivant en situation d’insécurité alimentaire était de 28,1 %. La proportion d’enfants dans les ménages en situation d’insécurité alimentaire était plus élevée : 31,7 %.
Niveaux de sécurité alimentaire (effectifs et pourcentages), 2024
| Ménages
|
| Personnes
|
| Personnes Adultes*
|
| Enfants
|
| Total
(Milliers)
| Taux (%) |
| Taux (%) |
Total
(Milliers)
| Taux (%) |
Total
(Milliers)
| Taux (%) |
Sécurité alimentaire (Sécurité alimentaire élevée) | 2 602 | 72,9 | 7 117 | 71,9 | 4 904 | 73,8 | 2 225 | 68,3 |
| Faible sécurité alimentaire | 615 | 17,2 | 1 808 | 18,3 | 1 111 | 16,7 | 709 | 21,8 |
| Très faible sécurité alimentaire | 354 | 9,9 | 976 | 9,9 | 628 | 9,5
| 325 | 10,0 |
| Insécurité alimentaire (faible et très faible sécurité alimentaire) | 968 | 27,1 | 2 784 | 28,1 | 1 739 | 26,2 | 1 034 | 31,7 |
* Personnes de 21 ans et plus.
Sécurité alimentaire des ménages, adultes et enfants, par groupe de population :
Juifs (total), Juifs non-Orthodoxes et Juifs Orthodoxes - et Arabes. Parmi les Juifs non-Orthodoxes, 19,1 % des ménages vivaient en situation d’insécurité alimentaire, dont 6,4 % en situation de très faible sécurité alimentaire. La proportion de ménages juifs Orthodoxes en situation d’insécurité alimentaire était plus élevée (25,0 %), dont 9,9 % en situation de très faible sécurité alimentaire. Dans la société arabe, la proportion de ménages en situation d’insécurité alimentaire était particulièrement élevée (58,0 %), contre 20,2 % dans la société juive. Parmi les personnes en situation d'insécurité alimentaire dans la société arabe, 35,2 % vivent en situation de faible sécurité alimentaire et 22,8 % en situation de sécurité alimentaire très faible. La majorité des ménages en situation de sécurité alimentaire sont composés de Juifs non-Orthodoxes (74,5 %). En revanche, les Arabes représentent environ 38 % des ménages en situation de faible sécurité alimentaire et environ 42 % des ménages en situation de sécurité alimentaire très faible (figure 1), des taux bien supérieurs à leur proportion au sein des ménages israéliens.
Répartition de la population par niveau de sécurité alimentaire, ménages (pourcentages), 2024

Par tranche d'âge, l'état de sécurité alimentaire parmi les personnes âgées était meilleure que celle des autres groupes, mais même parmi elles, le taux d'insécurité alimentaire restait élevé (22,8 %). Le taux d'enfants vivant dans des ménages en situation d'insécurité alimentaire était particulièrement élevé (31,7 %).
Groupes d'âge (65 ans et plus, âge de travail principal*, enfants) par niveau de sécurité alimentaire (pourcentage), 2024

* 21-65 ans.
La proportion de ménages n'ayant pas accès à une alimentation saine (pour des raisons économiques) est particulièrement élevée dans les communautés juives Orthodoxes et arabes, avec respectivement 33,0 % et 30,8 %. En 2024, l'accès à une alimentation saine s'est amélioré pour l'ensemble de la population, comme en témoignent l'augmentation de la proportion de ménages ayant accès à une alimentation saine et la diminution de la proportion de ménages ayant un accès faible ou très faible à une alimentation saine.
Zvika Cohen, Directrice Générale adjointe de l'Assurance Nationale : « La société israélienne doit redoubler d'efforts pour réduire sensiblement et significativement l'insécurité alimentaire chez les enfants et les personnes âgées. Une société fonctionnelle ne peut tolérer les inégalités qui se traduisent par un besoin accru d'accès à une alimentation saine, et nous devons tout mettre en œuvre pour améliorer la situation actuelle. Ce rapport de l'Assurance Nationale est un outil précieux qui permet aux décideurs politiques d'appréhender la situation de manière à ce qu'ils puissent agir en fonction des moyens à leur disposition pour garantir la sécurité alimentaire des habitants d'Israël. »
Répartition de la population selon le niveau d'accès à une alimentation saine, ménages (pourcentages), 2024

Au sein de la population juive, Orthodoxe et non-Orthodoxe, le nombre de ménages déclarant une inaccessibilité à une alimentation saine (incapacité de s'en procurer) était supérieur au nombre de ménages déclarant une insécurité alimentaire. Dans la population arabe, la situation est inverse : la proportion de ménages incapables de se procurer des aliments non nocifs pour la santé (31,3 %) était significativement inférieure à la proportion de ménages vivant en insécurité alimentaire (57,9 %).
a. Juifs non-orthodoxes

| b. Juifs orthodoxes

|
c. Juifs (total)
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| d. Arabes

|